Journal d’un civil (89) Les mensonges

Mercredi 3 janvier.

L’occident ment à propos du Moyen Orient. Les USA mentent. La France ment. Les médias mentent. Les analystes mentent. Les politiques mentent. Tout le monde ment.

Et pire que tout : ce petit monde ment et se ment. Il fait semblant d’être persuadé de dire la vérité !

Venant d’une société qui ne considère plus la vérité comme une valeur, ni même comme un élément stable, le propos est piquant.

Les mensonges répétés sont l’une des sources du malheur de la région. Si l’on ne dit pas que ce qui est, est, et que ce qui n’est pas, n’est pas (définition de la vérité selon Aristote), comment espérer que les actes aboutissent à quelque chose ? Comment espérer construire quoi que ce soit ? Comment espérer que la paix finisse par advenir ?

Les occidentaux ont un problème certain avec le langage. Les plus érudits d’entre eux diraient « avec le logos ». Ils s’imaginent que dire, c’est faire. Qu’il suffit de parler pour que les choses adviennent. Et que, par conséquent, il suffit de manipuler le langage pour changer le réel.

Autrement dit, ils sont encore dans une forme de pensée magique. Ils se croient dans Harry Potter, un monde où une incantation suffit pour influer sur la matière.

Pire : si on aborde la question sous l’angle du monothéisme, ils se prennent en réalité pour Dieu, le seul capable de créer par la parole. C’est dire la taille de leur ego.

Car il faut les voir, ces petits messieurs au regard triste et au costume froissé, qui pérorent dans les institutions internationales, qui passent des coups de fil à leurs homologues moyen-orientaux, et qui brandissent des doigts levés pour dire à quoi doit ressembler le monde.

Le dernier en date, qui restera innomé, comme devrait l’être le reste de sa carrière politique, vient de déclarer : « Ce que nous avons appris au cours des 30 dernières années, et ce que nous apprenons aujourd’hui avec la tragédie vécue à Gaza, c’est que la solution doit être imposée de l’extérieur ».

« Imposée », rien que ça.

L’effort de vérité s’impose. Il s’agit pour l’Occident de réapprendre à utiliser les mots de façon adéquate, afin de penser sans sophismes et sans erreurs de raisonnement, pour parler de façon intelligible et essayer d’avoir, à nouveau, une emprise sur le monde.

L’effort va être difficile, parce qu’il faut perdre les mauvaises habitudes. Mais également parce que les forces contre lesquelles on doit se battre sont colossales. Dire la vérité va coûter plus cher que mentir ou faire semblant. Mais c’est le prix à payer pour redresser un demi-siècle de billevesées et de calembredaines.

Mentir est une habitude qui s’installe vite. Un petit mensonge en amène un autre, qui en amène un autre, et après quelques décennies, on appelle un terroriste un résistant. Les mensonges s’étendent, au point que plus personne ne sait les distinguer de la vérité. L’antidote est pourtant simple : les Français le connaissent depuis au moins 1666.
Je ne puis rien nommer, si ce n’est par son nom ;
J’appelle un chat un chat, et Rollet un fripon.
(Boileau, Satire I)

[note : les mensonges les plus courants seront traités séparément. Entre autre :
🔹Non, Israël ne commet pas de génocide à Gaza.
🔹Israël ne commet pas non plus de crimes de guerre à Gaza lorsqu’elle attaque un hôpital dans lequel se cachent des hommes du hamas.
🔹Le sionisme n’est pas un colonialisme.
🔹La Judée et la Samarie ne sont pas des territoires occupés.
🔹La « solution à deux états » n’est pas la « seule » solution pour la paix au Moyen Orient
🔹Le conflit « israélo-palestinien » n’est pas la mère de tous les problèmes du Moyen Orient
🔹Jérusalem est bien la capitale d’Israël.]
Fin du 89ème jour, 3 janvier 2024, 22 tevet 5784.