Journal d’un civil (91) Les 90 jours

Vendredi 5 janvier.

Ce matin, premier jour du week-end israélien. On traîne un peu, on regarde la télé, on prend un café en discutant. Vers neuf heures trente, on part faire les courses. Premier arrêt à la boulangerie, pour acheter la hallah et quelques viennoiseries. Deuxième arrêt à la petite bibliothèque de plein air, où je trouve un Asimov en français. Troisième arrêt au supermarché, où on achète de quoi faire le plat de ce soir.

Matinée tout à fait normale pour un vendredi ; rien à signaler en mode micro.

Le mode macro en revanche est en effervescence. Nous venons de passer le cap des 90 jours, donc, dans un calcul mathématique simplifiés, des trois mois, et ce matin, on découvre beaucoup de choses dans la presse.

1. Le gouvernement commence à parler du retour des résidents dans l’enveloppe de Gaza. Ce n’est pas la première fois que la rumeur circule : nos amis, dont le mochav se trouve à 4.5 km de Gaza, avaient entendu parler, mi-novembre, d’un retour potentiel fin novembre. On est début janvier, et la zone est toujours considérée comme zone militaire.

Dans le plan actuel, les résidents qui se trouvent dans une zone comprise entre 4 et 7 kilomètres pourraient revenir dans la seconde quinzaine de février, les autres courant août. Les plus touchés par le 7 octobre prendront plus de temps : le plan estime que ça prendre deux ans pour un retour complet. (source : ToI, avec une source anonyme à propos d’une ébauche de plan : autrement dit, tout peut changer vingt fois du tout d’ici là. La vraie info : c’est la première fois, à ma connaissance, qu’on en parle dans la presse et que cette question est vraiment envisagée en détail).

2. Dans le même temps, on entend également parler de façon plus précise du plan du gouvernement pour l’après. Comment voient-ils Gaza après la guerre ?

« Les Palestiniens locaux gouverneraient Gaza après la guerre avec l’aide d’une coalition internationale, qui assurerait également la sécurité intérieure. […] « Le Hamas ne gouvernera pas Gaza », a déclaré M. Gallant lors d’un point de presse avant la réunion, « et Israël n’aura pas de gouvernement civil à Gaza ». […]

Essentiellement, le concept de l’establishment de la défense, dont fait partie Gallant, est qu’à terme, de plus en plus d’administration civile devrait être gérée par des habitants de Gaza sans allégeance au Hamas, mais que cela ne sera pas possible d’un seul coup.

Au cours d’une période de transition non définie, Tsahal conservera une large responsabilité en matière de sécurité, y compris sur les frontières et avec l’autorité de mener des raids, mais un mélange hybride de forces fournies par les États-Unis, les alliés européens et les alliés arabes, tels que les Saoudiens, l’Égypte, les Émirats arabes unis et d’autres, apportera son aide pour certains aspects de la sécurité et de l’administration internes.

Ce n’est qu’une fois que les habitants auront pris leurs repères, qu’ils auront des résidences et des vies plus stables et qu’ils sembleront prêts à se débrouiller seuls s’ils sont confrontés à des défis mineurs de la part des restes du Hamas et d’autres groupes terroristes que le conglomérat international de pays cédera davantage de gestion aux groupes locaux. » (source : Jpost)

3. Le chef d’état-major, Herzi Halevi, a commencé à mettre en place la commission d’enquête sur ce qu’il s’est passé le 7 octobre, vu du point de vue l’armée. Le comité serait dirigé par Shaul Mofaz, qui était ministre de la Défense au moment du retrait israélien de la bande de Gaza en 2005, et qui avait été également chef d’état-major. Le Jerusalem Post note qu’il n’était plus en poste au moment où a été mise en place la stratégie à adopter face à la prise de pouvoir du hamas en 2007.

L’armée est en train de passer dans une nouvelle phase de la guerre, qui va diminuer en intensité, tout en continuant pendant plusieurs mois. Tout cela sur fond de visite, la semaine prochaine, de Anthony Blinken, le secrétaire d’état américain. Cela fait une quinzaine de jours qu’on entend dire que les Américains pressent pour qu’on passe à une nouvelle phase.

Autre point important : rumeur persistante que l’un des deux porte-avions américains serait en train de quitter son emplacement au large du Liban. Aucune confirmation.

Mais il faut également élargir la perspective pour comprendre ce qu’il est en train de se passer. D’abord au niveau du Yemen, où les Houtis continuent à attaquer les bateaux de fret. La coalition menée par les Américains a lancé un ultimatum. Et on a appris également qu’un navire indien avait été attaqué au large de la Somalie : les Indiens ont aussitôt envoyé un bateau .

En Argentine également : trois personnes suspectées de planifier des attentats ont été arrêtées. L’Argentine a longtemps été un endroit où les proxys iraniens étaient à l’aise. Visiblement, le nouveau président, ouvertement pro-Israélien, a lancé un signal.

Et en Corée du Nord, autre allié du régime iranien, le dirigeant a menacé les USA et la Corée du sud d’une guerre. On a appris ce matin que deux îles sud-coréennes (Yeonpyeong et Baengnyeong) ont été visées par plus de « deux cents tirs d’artillerie ».

Enfin, en Iran, attentat suicide revendiqué par Daesh.

Conclusion : ce week-end je vais relire le Secret de l’espadon, le premier Blake et Mortimer, qui raconte comment la troisième guerre mondiale est déclenchée par un empire asiatique, avec une histoire qui se déroule en majeure partie en Iran et vers le détroit d’Ormuz, le tout sur fond de guerre nucléaire. Il va y avoir une bonne ambiance.

Shabbat shalom.

Fin du 91ème jour, 5 janvier 2024, 24 tevet 5784.