3 décembre 2023.
Ce matin je reçois deux messages, de deux amis différents qui sont en France.
Le premier concerne Israël. Il me dit en substance : je crains que le hamas finisse par gagner. La raison qu’il donne ? Les Américains ont été retournés, il suffit que le hamas attende encore quelques semaines et il obtiendra tout ce qu’il veut.
Le deuxième message concerne Paris. Il me dit : « c’est clairement suite au conflit chez vous ».
Ces deux messages m’étonnent. Ils viennent de deux personnes distinctes, avec des profils différents, mais qui ont comme caractéristiques communes de suivre l’actualité de près et d’avoir en général des analyses assez justes. Mais ce matin j’ai l’impression que la distance entre la manière dont je perçois les événements et la manière dont eux perçoivent les événements est un abysse. Reprenons les deux séparément.
Est-ce que le hamas est en train de gagner ? Vu d’ici, non. Les différents objectifs stratégiques sont en train d’être gagnés par Israël.
Premièrement, les opérations militaires vont de victoires en victoires. Voir par exemple l’armée qui est en train de prendre Khan Yunis. On nous dit que c’est de là que la plupart des roquettes continuent à être tirées sur le sud. Une fois cette base éliminée, le problème des roquettes sur les civils Israéliens de cette région va disparaître.
Deuxièmement, le moral de la population Gazaouite est complétement brisé. Et, symétriquement, troisièmement, le moral de la population israélienne est au plus haut. À tel point que quelqu’un a dit : si Netanyahou ne va pas jusqu’au bout, il sera balayé, on le remplacera par quelqu’un qui, lui, finira le travail.
La question du moral d’une population est capitale pour évaluer une situation de guerre. A ce sujet, on trouve un concept intéressant dans le livre attribué à Sun Tzu, l’Art de la guerre : « il est nécessaire d’analyser l’évolution éventuelle de la guerre en procédant à des analyses sous cinq aspects et à une comparaison des conditions des parties belligérantes. Le premier aspect, c’est le dao (道) […] Par le dao, nous entendons que le peuple partage la volonté du souverain et qu’il veut vivre et mourir pour lui, sans craindre aucun risque ». (Chapitre I : de l’appréciation de la situation, traduction Tang Jialong). (孫子兵法, 始計第一)
Est-ce que les Américains ont été retournés ? Il semble que ça fasse partie de leur ADN d’être avec deux fers au feu et certaines de leurs dernières déclarations semble indiquer que, effectivement, l’oncle Sam aimerait bien un apaisement. Mais entre ce que les Américains veulent et ce qui se passera, il y a forcément un abîme.
D’autant que donner des ordres de ce type ne prend pas en compte la réalité du Moyen-Orient, où les choses les plus imprévisibles surgissent comme si elles étaient totalement normales. Ben Gourion disait à ce sujet que celui qui ne croit pas au miracle n’est pas réaliste. Hannuka arrive dans quelques jours, et vient justement nous rappeler que, dans notre histoire longue, si les moments dramatiques ont existé, on a toujours fini par les retourner à notre avantage.
Dernier point : on n’imagine pas à quoi ressemblerait la situation si on revenait au statu quo ante. On a vu plusieurs sondages montrer que la population arabe locale soutenait massivement les massacres du shabbat noir. Alors ça serait avec eux qu’il faudrait négocier ? En attendant qu’il se ré-arment et qu’ils recommencent ? La déclaration de leurs dirigeants à ce titre est absolument limpide.
Moralité : quel que soit l’angle que j’utilise, vu du Néguev, le hamas ne va pas gagner.
Concernant l’attentat de Paris dans la nuit de samedi à dimanche : est-ce que c’est suite à ce qu’il se passe ici ?
C’est une phrase qu’on entend souvent en France : on ne veut pas de « l’importation du conflit ». Je me demande toujours : qu’est-ce que peut bien être une « importation de conflit » ? Parce qu’il faut m’expliquer comment on importe un conflit. Est-ce qu’on va au magasin ? On dit : est-ce que vous avez du conflit israélo palestinien ? Du conflit sinon tibétain ? Il y a un peu plus de conflit pakistano-indien, je vous en mets quand même ? Ça paraît absurde, et pourtant la phrase a un côté mimétique : elle est répétée, encore et encore, sans que personne ne s’arrête pour l’interroger.
En réalité il n’y a pas d’importation de conflit : il y a de multiples terrains d’un même problème. Les réseaux islamistes ont tissé leur toile dans le monde entier depuis plus de quarante ans, et ces réseaux ne demandent qu’à être activés. Les occidentaux les ont globalement pris à la légère, en abordant le problème avec un appareil intellectuel complétement inadéquat ; ils ne savent plus comment s’en sortir.
Actuellement, l’Iran et ses satellites – dont le hamas – est l’un des noyaux de ces réseaux islamistes. Ils ont lancé une grande offensive contre Israël, mais l’Occident doit comprendre que, dans l’esprit de ces tristes sbires, ça n’est qu’une première étape.
Il faut rappeler la devise des frères musulmans, dont l’idéologie est toujours plus ou moins derrière tous ces groupes : « Allah est notre but, le prophète est notre modèle, le Coran est notre Constitution, le djihad est notre voie et la mort au nom d’Allah est notre vœu le plus cher ».
Lorsque nous nous battons ici contre l’islamisme, nous le faisons pour nous, pour pouvoir « vivre en tant que peuple libre sur notre terre », mais également pour le reste du monde qui ne veut pas être sous domination islamiste. Pays musulmans compris, qui sont plusieurs, dans la région, à demander à Israel d’en finir avec le hamas.
Ce fossé qui existe entre ici et là-bas finira pas se refermer. Parce que les populations occidentales souffrent, et se voient expliquer qu’il va falloir s’habituer, parce que, grosso modo, on ne peut pas vraiment faire quoi que ce soit.
Or voilà qu’Israël montre un autre chemin. Parce qu’on connait les islamistes de près : cela fait des décennies qu’on les voit à l’œuvre. Des décennies qu’on souffre de leurs méfaits, sous le silence complice des dirigeants occidentaux. Des décennies qu’on étudie l’ennemi et qu’on apprend peu à peu ce qu’il faut faire. Le sept octobre a été un point de non-retour. Maintenant, on va montrer au monde comment on s’occupe du problème. – Fin du 58ème jour, 3 décembre 2023, 19 kislev 5784.