Journal d’un civil (145) L’Eurovision (II)

Mercredi 28 février.

On attendait depuis quelques jours la nouvelle mouture de la chanson qui devrait nous représenter à l’eurovision. J’écris « qui devrait » parce qu’on n’est pas encore au bout de l’histoire.

Après avoir dit qu’ils ne changeraient rien, les auteurs compositeurs ont accepté de revoir leur copie et de modifier quelque peu les paroles. Ils ont en réalité réécrit une nouvelle chanson, qu’ils ont soumis à l’organisme organisateur.

Arg. Les organisateurs ont encore ergoté : trop politique, comme la première version.

La chanson en question :

Danse pour toujours*

Courir
Lumières de la ville
Combattre
Mon esprit
se cache
Je ne sais pas ce qui est juste
Emmène-moi
Sur la bonne route
Il n’y a plus de temps et je ne peux pas me tromper
respire
Je sais que je suis forte

Je brise toutes les chaînes
Je suis au bord du gouffre maintenant
Regarde-moi m’envoler
Oh, danse comme un ange
Oh, tu te souviendras
Que je danserai pour toujours
Je danserai encore
Oh, danse comme un ange

Noyé
dans le lever du soleil
Mon cœur est si froid
mais mon âme est en feu
Quelqu’un m’appelle du paradis
Écoute

(En hébreu)
L’espoir ne s’arrête pas, il déploie ses ailes.
C’est comme un million d’étoiles qui s’allument soudainement dans le ciel
(Fin de la partie en hébreu)

Le cœur en feu
Je suis un combattant
N’arrête pas la musique
monte le son encore plus fort
Je déploie mes ailes
Je vole dans le ciel
Entends les violons
Les anges ne pleurent pas
ils ne font que chanter
Je sens toujours le sol
Sous mes pieds

Oh, danse comme un ange
Oh, tu te souviendras
Que je danserai toujours
Je danserai encore
Oh, danse comme un ange

Oh, danse comme un ange
Oh, tu te souviendras
Que nous danserons pour toujours
Nous danserons encore
Oh,
danse comme un ange (nous danserons pour toujours)

A ce niveau-là, il va falloir qu’on ait une discussion avec ces messieurs de l’organisme organisateur, sur ce que veut dire le mot « politique ».

Le vocable fait parti de ces mots flous, un peu mous, dont le sens dépend autant du sens du vent que de l’idéologie de celui qui l’utilise.

Voici par exemple ce qu’en dit le Oxford Dictionary of Politics (je prends un ouvrage en anglais étant donné que c’est dans la langue de Shakespeare qu’est écrite la chanson et que le drame se noue) :

« politique : En tant que concept général, la pratique de l’art ou de la science de diriger et d’administrer des états ou d’autres unités politiques. Cependant, la définition du mot politique, voire l’essence même du concept, est fortement contestée. Il existe un désaccord considérable sur les aspects de la vie sociale qui doivent être considérés comme « politiques ». À un extrême, beaucoup (notamment, mais pas seulement, les féministes) affirment que « le personnel est politique », ce qui signifie que les caractéristiques essentielles de la vie politique peuvent être trouvées dans n’importe quelle relation, comme celle entre un homme et une femme. L’usage populaire, cependant, suggère un domaine beaucoup plus étroit pour la politique : on suppose souvent que la politique ne se produit qu’au niveau du gouvernement et de l’État et qu’elle doit impliquer la compétition entre les partis. »

On nous pardonnera de vouloir employer le mot dans son acceptation « étroite », lorsque tout n’était pas politique, et que, par exemple, évoquer ses morts était encore quelque chose qui pouvait relever de la chanson.

Alors assez.

Assez de moquerie, assez de mépris, assez de bavardages. Qu’ils disent clairement : on ne veut pas d’Israël à l’eurovision. Qu’ils osent aller au bout de leur petite musique de haine et qu’ils fassent un communiqué clair et net : on ne veut pas de l’état juif. Au moins on saura à quoi s’en tenir.

L’un des effets de cette guerre est de révéler la corruption morale des institutions qui nous entourent. Elles tombent le masque une à une en révélant la laideur qui les habitent. Elle dessinent, de façon involontaire, un monde qui s’effondre et dont on a envie de dire : bon débarras.

Et comme toutes ces institutions se dissolvent de par la noirceur qu’elles portent, il faut les remplacer. En bâtir de nouvelles.

On ne veut pas de nous à l’eurovision ? La belle affaire. Créons notre propre concours de chansons. Mettons-le en Israël, et invitons les pays amis. Faisons une fête qui fera passer l’original pour une pâle copie. Commençons à proposer des alternatives à ces institutions décaties : il y a beaucoup de gens qui nous en sauraient gré.

Fin du 145ème jour, 28 février 2024, 19 adar I 5784.

*Paroles originales, telles que données par le site Ynet :
Dance Forever

Running
City lights
Fighting
My mind
hiding
I don’t know what’s right
Take me
To the right road
There’s no more time and I can’t go wrong
breath in
I know that I’m strong

I break all the chains
I’m on the edge now
Watch me fly away
Oh, dance like an angel
Oh, you will remember
That I will dance forever
I will dance again
Oh, dance like an angel

Drowning
in the sunrise
My heart is so cold
but my soul is on fire
Someone is calling from paradise
Listen

(In Hebrew)
The hope doesn’t stop, it just spreads its wings
It is like a million stars that suddenly light up in the sky
(Hebrew ends)

Heart on fire
I’m a fighter
don’t stop the music
turn it up louder
I spread out my wings
flying through the sky
Hear violins
Angels don’t cry
they only sing
Still feel the ground
Beneath my feet

Oh, dance like an angel
Oh, you will remember
That I will dance forever
I will dance again
Oh, dance like an angel

Oh, dance like an angel
Oh, you will remember
That we will dance forever
We will dance again
Oh,
dance like an angel (we will dance forever)