Journal d’un civil (168) Et alors que revoilà le secrétaire d’état

Vendredi 22 mars

Anthony Blinken, le Secrétaire d’état américain, est arrivé en Israël pour la sixième fois depuis le début de la guerre.

Etant donné les tensions qui existent entre nos deux pays, et le rôle que jouent les Etats Unis en tant que première puissance militaire mondiale, ce genre de rencontre n’est pas anodin.

Il a commencé par se rendre en Arabie Saoudite et en Egypte. Un événement à noter de cette dernière visite : Blinken a proposé aux Egyptiens un plan pour que les Israéliens interviennent à Rafah. Les Egyptiens auraient refusé, de crainte que cela provoque un mouvement de population qui déborderait leur frontière. Mais, comme le note un analyste, cela montre que l’administration américaine semble avoir entendu l’affirmation de Netanyahou comme quoi il y aura une opération à Rafah.

Ce vendredi, les Américains doivent proposer une résolution pur un cessez-le-feu au conseil de sécurité, en vue d’un accord pour la libération des otages. Jeudi, Blinken a déclaré : « Les négociateurs continuent de travailler. Les écarts se réduisent et nous continuons à faire pression pour qu’un accord soit conclu à Doha. Il reste encore beaucoup à faire pour y parvenir. Mais je continue à croire que c’est possible ». Le principal point de contention semble concerner le nombre d’otages libérés pour combien de criminels palestiniens.
Il a ajouté : « Si le Hamas se soucie un tant soit peu du peuple qu’il prétend représenter, il parviendrait à un accord, car cela aurait pour effet immédiat d’instaurer un cessez-le-feu, de soulager l’immense souffrance des gens, d’acheminer davantage d’aide humanitaire et de nous donner la possibilité d’obtenir quelque chose de plus durable ».

Tout est dans le si.

Vers 10 h du matin, heure israélienne, l’avion de Blinken arrive en Israël dans un avion de l’US Air Force.

Il commence par rencontrer le premier ministre, à Tel Aviv, au Kirya, l’une des zones où se trouve l’armée. Le rendez-vous a duré une quarantaine de minutes.

Dans une vidéo publiée peu après, Netanayahou a expliqué quel était le contenu de l’entretien : « Je lui ai dit que j’appréciais profondément le fait que, depuis plus de cinq mois, nous nous tenions ensemble dans la guerre contre le Hamas. Je lui ai dit que nous reconnaissions la nécessité d’évacuer la population civile de la zone de guerre et, bien sûr, de répondre aux besoins humanitaires, et que nous y travaillions. Mais je lui ai également dit que nous n’avions aucun moyen de vaincre le Hamas sans aller à Rafah et sans éliminer les derniers bataillons qui s’y trouvent. Et je lui ai dit que j’espérais que nous y parviendrions avec le soutien de l’Amérique, mais que si cela s’avérait nécessaire, nous le ferions seuls. »

Selon le ToI, Blinken a pour sa part insister sur le jour d’après : « Selon le site d’information Walla, M. Blinken explique à Israël que s’il n’élabore pas un plan pour le « jour d’après » du Hamas, Israël sera coincé à Gaza pendant des années, verra sa position internationale sapée et sa sécurité nationale menacée. « Vous ne comprenez pas cela », aurait déclaré M. Blinken, « et lorsque vous le comprendrez, il sera peut-être trop tard ». Selon lui, si la tendance actuelle se poursuit, les seuls résultats possibles sont le maintien du Hamas au pouvoir ou l’anarchie à Gaza. M. Netanyahu est d’accord avec M. Blinken, selon le rapport, et dit que si cela devait arriver, Israël serait coincé à Gaza pendant des décennies. »

Autrement dit : chacun a répété ce qu’il disait déjà, de façon à renforcer sa communication. Le reste de la conversation restera dans le brouillard de guerre.

Puis Blinken a rencontré, en privé, Benny Gantz et des représentants des familles des otages.

Avant son départ, il a donné une brève conférence de presse sur le tarmac. Selon le ToI, il a déclaré : « M. Blinken affirme que les États-Unis partagent l’objectif d’Israël de vaincre le Hamas et d’assurer sa sécurité à long terme, mais qu’une opération à Rafah « n’est pas le moyen d’y parvenir ».
« Elle risque de tuer davantage de civils. Elle risque de perturber davantage l’acheminement de l’aide humanitaire. Elle risque d’isoler davantage Israël dans le monde et de mettre en péril sa sécurité et sa position à long terme », a déclaré M. Blinken aux journalistes sur le tarmac de l’aéroport Ben Gourion.
Le plus haut diplomate américain affirme que Washington présentera « une façon différente » pour Jérusalem d’atteindre ses objectifs lorsqu’une délégation israélienne se rendra à Washington la semaine prochaine.
« Cela nécessite un plan humanitaire, militaire et politique intégré. »

Et sur ce, le secrétaire d’état américain est reparti dans son avion, direction l’Amérique.

Fin du 168ème jour, 22 mars 2024, 12 adar II 5784.