Jeudi 22 février
Ces jours-ci, j’ai commencé une nouvelle série dont on me dit beaucoup de bien ( ! ) : X-Files.
Blague à part, c’est une des séries qui a marqué mon adolescence. La 6 était une chaîne que l’on captait assez mal chez moi, ce qui fait que j’ai vu beaucoup d’épisodes avec une qualité d’image tout à fait discutable (on était pourtant au milieu des années 90 : Internet était déjà arrivé).
J’ai décidé de reprendre la série au début, et de ne regarder que les épisodes qui concernent la « mythologie », c’est-à-dire l’arc narratif concernant les extra-terrestres. J’ai regardé le pilote il y a plusieurs mois déjà, et ces deux dernières semaines j’ai réussi à caser deux épisodes dans mon emploi du temps. J’en suis à un total de trois : à ce rythme-là, il va me falloir des années.
J’aime beaucoup l’expérience qui consiste à redécouvrir une fois adulte ce qu’on a aimé quand on était plus jeune. L’âge est différent, le regard l’est également : à quoi ressemblent nos amours de jeunesse ?
En ce qui concerne X-Files, le verdict est sans appel : visuellement, ça ressemble aux années 90 à dix kilomètres de distance. Les coupes de cheveux, les voitures, les intérieurs. Tout a beaucoup vieilli. Mais ce n’est pas le plus étonnant : j’ai vécu un an dans la banlieue de Washington : tout est exactement pareil. A chaque fois que les deux agents vont dans un motel, ça ressemble exactement au motel dans lequel nous avons vécu le premier mois, le temps de trouver un appartement.
Les histoires sont un peu répétitives : Mulder trouve quelque chose, Scully n’y croit pas, finalement elle voit quelque chose, mais ils n’arrivent pas à trouver de preuves, Scully écrit un rapport dans lequel elle dit que tout cela ne se prête à rien de bien concluant.
Mais j’ai fait une découverte totalement étonnante : je trouve la musique fabuleuse. Pas la musique du générique, qui est très bonne en soi, mais la musique qu’on entend dans les épisodes. La musique de fond, quand il ne se passe pas grand-chose, et qu’on suit un personnage, cette musique qui meuble et qui accompagne l’action. De la pure musique des années 80/90. Du synthé, des sons étranges, une boîte à rythme basique. J’ai beau être amateur d’opéra et de musique classique, cette musique-là, pourtant très simple, me fait quelque chose. Moment de nostalgie ?
Peut-être.
Mais à force de l’écouter, je me suis rendu compte que je l’apprécie en réalité parce qu’elle me paraît correspondre à ce que je vis en ce moment. Comme si mon inconscient me disait que c’est ce type de musique que je dois écouter pour mieux comprendre la période que je traverse.
J’ai commencé à rechercher d’autres musiques du même genre, sur lequel je ne sais d’ailleurs pas mettre de nom (« électro d’ascenseur, période 80 » ?). Et je les ai trouvées dans les films de Science-Fiction de ces années-là, sur une période qui va grosso modo de 1980 à 1995. C’est la musique des films de Carpenter (New York 1997, la Chose), la musique des films de Cameron (Terminator 1, Aliens), et donc, la musique de X-Files (qui, à l’époque, s’appelait en bon français Aux frontières du réel).
C’est là que j’ai compris pourquoi ces musiques me parlaient autant. Elles sont associées à de vieux films de SF, mais ce sont des films qui ont exploré tous les thèmes que nous vivons aujourd’hui dans notre réalité (je laisse au lecteur le soin de dégager les thèmes de ces films, chacun y trouvera un miroir de sa propre perception). La science-fiction est devenue notre présent.
Et me voilà donc à revoir tout un tas de vieux films, pour entendre une musique un peu simplette, qui est le reflet le plus juste d’un moment historique sans précédent.
Sur ce, je vais aller regarder un nouvel épisode : il y aura peut-être une analyse foudroyante de l’actualité de la semaine.
– Fin du 139ème jour, 22 février 2024, 13 adar I 5784.
Note : ça n’a pas loupé : le premier épisode que j’ai vu commence par un avion qui survole l’Irak et un problème avec une base de l’OTAN en Turquie. Plus ça change…