Olivier F. Delasalle

25 oct. 2023

Quatre otages ont été libérés. Près de deux cents restent encore entre les mains du hamas, quelque part à Gaza. Cela fait dix-neuf jours qu’ils ont été enlevés. Dix-neuf jours que nous pleurons leur disparition. Dix-neuf jours que nous ne savons pas vraiment où ils sont. Dix-neuf jours que nous ne savons pas quand nous pourrons à nouveau les compter parmi nous.

Voici leurs noms, tels que chabad.org a pu les rassembler, d’après différentes sources. A chaque fois que cela a été possible, le nom est précisé sous sa forme hébraïque traditionnelle, le prénom de la personne est suivi du nom de sa mère (ben signifie « fils de » et bat, « fille de »).

                Dimanche, premier jour de la semaine israélienne. Ce matin je n’avais pas envie qu’elle commence. Je suis resté au lit aussi longtemps que possible, espérant me rendormir. Espérant que le sommeil soit vraiment réparateur.

                Nous commençons la troisième semaine, et aucune fin à l’horizon. L’armée a formulé le but de guerre et les différentes étapes prévues. Une opération au sol est toujours d’actualité, mais le hezbollah sur le front nord a dit qu’ils entreraient en guerre si cela se produisait. La situation stratégique est extrêmement complexe. Le Moyen Orient est un mille-feuille de groupes avec des intérêts très différents ; il nécessite des dirigeants aguerris pour naviguer tout cela.

                Ce matin, nous célébrons un heureux événement. Un couple d’amis a eu un petit garçon shabbat dernier. Et, comme il est de coutume lorsque le bébé est en bonne santé, huit jours plus tard, c’est l’heure de la brit, littéralement de l’entrée dans « l’alliance » ; c’est l’heure de la circoncision.

                On n’est pas invité, pour la bonne raison qu’on n’invite pas à une brit. On annonce quand elle aura lieu et tout le monde vient. On nous a dit : ce sera à telle synagogue, après l’office du matin, vers 10h45.

                A dix heures, branle-bas de combat : personne n’est tout à fait prêt. On s’habille, on vérifie qu’on a bien à boire et à manger pour les enfants, et on s’engouffre dans l’ascenseur de shabbat pour ne pas arriver trop en retard. C’est le genre d’événement qui n’attend pas : il n’y a pas de deuxième acte !

Hallah.

Enfin le week-end advint. Enfin, vendredi est arrivé, et avec lui la promesse du shabbat. Enfin, un jour de répit, enfin, un jour de repos. Depuis quinze jours, c’est ce qui oriente ma semaine, depuis quinze jours, c’est le seul point temporel qui semble organiser le reste.

Cela fait des années que nous pratiquons le shabbat de façon traditionnelle, mais je sens cet ancrage temporel de façon beaucoup plus forte depuis que tout a commencé, un shabbat précisément.

Médias.

Aujourd’hui, visite du président américain. Il est resté à peine quelques heures, et j’ai beau lire les nouvelles, je me demande encore si c’est du lard ou du cochon.

Le hezbollah avait menacé d’ « une journée de colère sans précédent » : elle n’a pas eu lieu. Et pendant ce temps, les réseaux sociaux et la presse sont occupés à mentir et à fabriquer une histoire qui ressemble aux anciennes accusations de meurtre rituels, ces moments de psychose collective durant lesquels des foules accusaient le groupe de Juifs de la région d’empoisonner les puits ou de tuer les enfants chrétiens afin d’utiliser leur sang pour des rituels.

Les figures classiques de l’antisémitisme ne sont jamais loin. On a l’impression qu’elles ont toujours en évidence sur les tables de nos ennemis, toujours prêtes à réapparaître à la moindre occasion.

Jour sans fin

Ce matin je me suis levé à quatre heures. Ou peut-être à cinq, je ne sais plus. Mon fils s’est réveillé avant l’heure habituelle, il est entré dans la chambre, et il est resté un moment près du lit, comme s’il attendait de voir ce qui allait se passer. Je me suis levé, je l’ai raccompagné dans son lit et je suis reparti me coucher. Sauf que je ne me suis pas rendormi. Une heure après, à moins que ce ne soit dix minutes, il est revenu : cette fois, c’était vraiment l’heure de se lever.

Je prépare le petit déjeuner, je regarde les informations. Je vois passer un message qui dit que Biden vient en Israël mercredi. Une source dit que c’est pour ça que l’invasion terrestre n’a pas commencé. Une autre dit que non, pas du tout, peut-être qu’il n’y aura pas d’invasion terrestre.

Je prends un premier café, puis un second. La matinée se passe sans que je ne puisse me souvenir vraiment à quoi.