Journal d’un civil (141) Shabbat Tetzaveh

Samedi 24 février

Ce shabbat est gris, humide et plein de brouillard. On dirait un jour d’hiver égaré au printemps. La température monte difficilement au cours de la journée et la pluie de la nuit sèche à peine.

A l’office des enfants, il n’y avait presque aucun des habitués. Tout le monde était à droite à gauche pour une raison ou pour une autre. Qui était en vadrouille dans le centre pour voir de la famille, qui était malade avec cette fameuse grippe qui passe de familles en familles depuis des semaines.

Une couche de tristesse semble s’être installée sur la ville, miroir du temps maussade qui nous entoure.

Et toute la journée, on entend des explosions.

Beaucoup plus que d’habitude, et on sent même le sol trembler. On a beau être habitués, cette fois ça paraît plus fort, plus proche. On se demande s’il n’y a pas des exercices dans les environs, mais non, plus tard, on apprend que l’armée intervient à Khan Yunis, près de la frontière.

Les amis qui habitent dans l’un des kibboutz de la zone, à moins de cinq kilomètres de Gaza, confirment que ça a été plus que d’habitude. Certains disent : à cause de la pluie et de l’humidité, on ressent et on entend plus que d’habitude. Je ne vois pas le rapport, mais c’est la sagesse populaire à ce sujet.

Shabbat fini vers 18 heures, et je n’ai pas envie de rallumer le téléphone. On prend des nouvelles des amis près de Gaza : ils vont bien. Je jette un rapide coup d’œil sur les nouvelles.

L’information principale concerne la négociation qui se poursuit avec le hamas. Le cabinet doit se réunir par téléphone à 21 heures pour voter. Apparemment le nouvel accord comporterait les points suivants selon Amichai Stein :
« – Une quarantaine d’otages seront libérés : des femmes, des adultes et des malades

  1. Des centaines de terroristes seront libérés. En échange des femmes soldats, Israël devrait libérer un plus grand nombre d’otages que les autres, ainsi que des terroristes qui ont du sang sur les mains.
  2. Le cessez-le-feu devrait durer 6 semaines. En gros, chaque jour pour chaque otage libéré.
  3. Les points sur lesquels il faut encore se mettre d’accord : le retour des citoyens au nord de Gaza, la reconstruction de la bande de Gaza.
  4. L’aide humanitaire qui entrera dans la bande de Gaza augmentera. »
    Le forum Tikva, une organisation qui rassemble les familles des otages, a publié un communiqué demandant que le gouvernement et les négociateurs respectent les trois points suivants :
    « 1. N’acceptez pas un accord négligent qui nuirait à l’avenir de l’État, de telle sorte que nous pourrions le regretter dans quelques années.
    2. Nous ne devons pas séparer des otages ! Un accord dans lequel de nombreux otages sont laissés en arrière les condamnera à des années de captivité et pourrait les mener à la mort.
    3. Pour qu’il y ait un bon accord, il faut reprendre la pression militaire sur le Hamas, y compris l’arrêt de l’aide humanitaire qui renforce le Hamas. »

Sur ce, il est temps d’aller dormir. La semaine va être longue.

– Fin du 141ème jour, 24 février 2024, 15 adar I 5784.