Journal d’un civil (133) Le ruban jaune

Vendredi 16 février

Quelque part au mois d’octobre, j’ai vu passer un message qui disait que, désormais, le ruban jaune serait le symbole du combat pour le retour des otages. Il s’est répandu, essentiellement sur les réseaux sociaux. Je ne l’ai pas ajouté sur le mien : mon nom est déjà tellement long que je ne pense pas qu’il apparaîtrait sur l’écran de qui que ce soit. Et, pour tout dire, je ne le voyais pas employé plus que ça.

Ce n’est que lors de mon déplacement à Tel Aviv cette semaine, que j’ai vu ce signe employé de façon courante. Des rubans sur les poignées des portes, des rubans aux branches, des rubans sur le fronton du théâtre.

Mais d’où venait ce ruban jaune exactement ? J’ai vu des rubans d’autres couleurs par le passé, mais jaune ?

Il se trouve que ces rubans étaient utilisés lors de la dernière grande affaire d’otage qu’a connu le pays, lorsque Gilad Shalit était prisonnier du hamas pendant près de cinq ans, et qu’il a finit par être libéré en échange de 1 027 prisonniers palestiniens.

Mais pourquoi le ruban jaune ?

Parce qu’ils étaient devenus le symbole d’une autre histoire de prisonniers. Trois soldats avaient été capturés lors de l’opération paix en Galilée (renommée ensuite Première guerre du Liban) : Yosef Groff, Nissim Shalem et Hezi Shai. Ils avaient été libérés le 21 mai 1985 en échange de 1 151 prisonniers palestiniens lors de l’accord Jibril.

Mais pourquoi le ruban jaune ?

Parce qu’ils avaient été utilisés par les Américains comme symbole pour soutenir la libération des otages retenus dans l’ambassade américaine en Iran, entre le 4 novembre 1979 et le 20 janvier 1981 (444 jours).

Mais pourquoi le ruban jaune ? (On y arrive.)

En référence à une chanson des années 70 intitulée Tie a Yellow Ribbon ‘Round the Ole Oak Tree, composée par Irwin Levine et L. Russell Brown, interprétée par Dawn, un groupe dont le chanteur était Tony Orlando. (Il existe également une version par Sinatra).

C’est l’histoire d’un soldat qui revient du Vietnam. Il n’est pas sûr que sa compagne d’avant la guerre l’ait attendu, alors il lui envoie un message disant qu’il passera devant chez elle en bus, et qu’elle n’a qu’à accrocher un ruban jaune autour du vieux chêne si elle veut qu’il revienne. Sinon, dit-il, il passera sans s’arrêter et elle n’entendra plus parler de lui. Et le voilà qui arrive en bus dans la petite ville qu’il avait connue, et il voit le vieux chêne, et autour de son tronc, des centaines de rubans jaunes.

Puisse les rubans fleurir et tous ceux que nous attendons revenir aussi vite que possible.

Shabbat Shalom.

Fin du 133ème jour, 16 février 2024, 7 adar I 5784.