Journal d’un civil (113) Shabbat Beshalah, Jour de commémoration international de la shoah

Samedi 27 janvier.

Aujourd’hui, je patauge à nouveau dans la maladie. J’hésite à dire que c’est l’acte II : ça pourrait aussi être un nouveau virus, qui, ayant discuté avec le précédent, a trouvé un hôte accueillant. Pas de fièvre, mais une fatigue terrible et un mal de crâne épique.

Pour rendre la journée plus simple, il pleut. Ma femme part avec les enfants pour la prière du matin, et passent entre les gouttes à l’aller. Sur place, lorsqu’il commence à pleuvoir, tout le monde rentre dans la synagogue. Pour les enfants, c’est l’événement du jour. Pour les parents, prévoir douche chaude et nouveaux vêtements dès le retour.

Le soir, j’ai à peine le courage de rallumer mon téléphone. Je découvre que c’est le jour de commémoration de la shoah, choisi par l’ONU étant donné qu’il marque le début de l’insurrection du ghetto de Varsovie.

Ceux qui suivent mes écrits depuis quelques temps connaissent ma passion pour ces institutions internationales. Le fait qu’ils aient toujours refusé d’aligner les commémorations avec le Yom Hashoah que l’on commémore en Israël m’a toujours paru un peu méprisable.

Et cette année, à lire les commentaires des uns et des autres, je vois qu’ils s’en donnent à cœur joie. Entre ceux qui ne disent même pas le mot Juif dans leur communiqué et ceux qui comparent la shoah à la guerre à Gaza, il y a de quoi avoir la tête qui tourne.

Pendant ce temps, il ne devrait y avoir qu’une chose d’important : nos disparus. Les six millions et plus hommes, femmes et enfants, qui ont été victimes de la barbarie nazie. Ceux qui ont été arrêtés, déportés, trahis, traités comme des animaux et finalement assassinés.
La shoah est un trou dans l’histoire mondiale dont trop de gens font semblant d’avoir tiré les leçons. Et aujourd’hui, je n’ai envie ni de relayer leurs ni leurs idées, ni leurs actes.

L’année dernière j’ai écrit un article sur ce sujet intitulé Sept questions après la catastrophe, que je n’ai pas publié. Les mots me paraissent trop faibles, l’événement trop proche. A la place, j’ai publié un poème, le fameux poème de Hannah Szenes, dans une traduction fort médiocre (la mienne), mais une traduction qui au moins vient du cœur.

Que la mémoire de nos chers disparus soit une bénédiction pour nous, et puisse enfin la lumière grandir dans le monde.

Promenade à Césarée

Mon Dieu, Mon Dieu,
Que ne cessent jamais
Le sable, la mer
Le crépitement de l’eau
L’éclair dans le ciel
La prière de l’Homme.
Hannah Szenes, 1942.

Fin du 113ème jour, 27 janvier 2024, 17 shevat 5784.